.
A la veille du coup d’envoi du 62e Festival de Cannes, Cinégotier vous propose un retour vers la Semaine de la Critique 2008 avec Das fremde in mir (L’étranger en moi), un film allemand de Emily Atef qui ne semble pas trouver de distributeur en France.
Une jeune femme nommée Rebecca court dans les bois. Paysage mental anarchique et touffu. Elle s’effondre, puis manque de perdre la vie alors qu’elle vient de la donner à un petit garçon…
Das fremde in mir a le cran d’aborder un thème quasiment inexploré au cinéma : le baby blues et ses conséquences traumatiques pour une mère.
Emily Ateff, venant du documentaire, choisit le parti pris radical d’une réalisation qui tient à distance la situation et les personnages. Par peur du pathos ?… Peut-être trop pendant la première partie où les ellipses et les situations tronquées dans leur narration se succèdent.
Ne voulant pas céder aux rebondissements mélodramatiques, la cinéaste aseptise le mal être de cette jeune famille dans des cadres larges qui semblent éloigner l’introspection, refuser l’émotion.
Ce parti-pris pourtant louable fait souffrir au propre comme au figuré les personnages du compagnon (Johann von Bülow) et du nourrisson qui peinent à exister dans la progression dramatique du scénario. Particulièrement le bébé dont la force de vie – un nouveau-né ne cille jamais et l’intensité de son regard peut devenir insoutenable – aurait pu ciseler d’une façon plus aigüe la dépression post-natale de sa mère.
Le film parvient cependant à trouver son rythme quand Rebecca reprend goût à la vie et commence à apprivoiser son petit garçon. Les plus belles séquences de Das fremde in mir montrent cette découverte maternelle, véritable éducation sentimentale.
L’âpreté de cette oeuvre est subtilement adoucie par le jeu opaque de Suzanne Wolff, présente dans presque tous les plans. En fonction de la lumière, son visage n’est pas sans rappeler l’éclat opalin d’Emmanuelle Béart et d’Isabella Rosselini.
Fort de l’audace et de la complexité de son propos, le second long métrage de Emily Atef trouble longtemps l’esprit tant il parvient à remettre en question cet amour sociologiquement codifié que l’on nomme maternel.
Vous pouvez retrouver cet article sur
www.ecrannoir. fr
4 Ils ont dit
J’ai vraiment envie de voir ce film. N’y-a-t-il aucune possibilité de le voir en France ?
Un grand bonjour de Normandie où je pense à toi et t’envoie de belles et BONNES pensées…………..
Merci pour ce joli article et ce film mérite à mon sens de trouver une place en salle……………………
Je te dis à tout bientot.
KISS.
JL.
J’ai lu.
C’est tentant.
Mais sans distributeur on va avoir du mal à le voir !
et alors, où peut-on aller le voir ? Je sais tu vas me dire de m’acheter le Pariscope… Mais pour ma première lecture attentive de tes écrits cinéphiles, je voulais signifier ma présence !!!
Bises et à la prochaine chez Play Bac
Raphaële