Francis Scott Fitzgerald, enfant sensible, contemple avec envie les façades des demeures cossues géorgiennes. Ce n’est pas la fortune des membres de la haute société qui le fascine, mais la grâce des « biens nés » élevés dans la familiarité de la beauté. Ces nantis générationnels avec leur aplomb où se mêlent hérédité, décontraction, légitimité, désinvolture.
Malgré le succès précoce et retentissant de son premier roman L’Envers du paradis, malgré le couple people qu’il forme à New York avec Zelda, malgré sa vie de play-boy à Paris et sur la Côté d’Azur aux côtés d’Ernest Hemingway, Fitzgerald sait, au fond de lui, qu’il ne sera jamais qu’un nouveau riche. Gatsby, c’est lui. Ce parvenu qui flambe, brûle la chandelle par les deux bouts, gaspille sa richesse dans une longue nuit blanche imbibée d’alcool et de jazz. Tape-à-l’œil aveuglé par la conquête de la gloire, victime de sa puissance creuse. À l’image de Daisy Buchanan, richissime et irrésistible coquille vide de substance.
Avec le manuscrit de Gatsby le magnifique écrit dans le Sud de la France, Fitzgerald envoie ce mot à son éditeur : « Je pense avoir enfin écrit un livre que je peux dire mien. Pour ce qui est de la valeur de ce « mien livre », seul l’avenir le dira. ». Cette missive qui regarde l’avenir est contredite par la dernière phrase du roman : « Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, refoulés sans fin vers notre passé ». Passé plongé dans une nuit d’encre où Nick Carraway le narrateur de Gatsby le magnifique et Scott Fitzgerald, auteur de plus de 170 nouvelles, 5 romans, articles, récits et scénarii, assistent au spectacle d’une fête éclatante à laquelle les « bien nés » ne les ont pas conviés.
Robert Redford
Un scénariste dénué d’envergure pendant le Maccarthysme. Blondeur blé à la mèche ravageuse qui se donne sans passion à Barbra Streisand dans Nos plus belles années de Sydney Pollack en 1973.
Un shampouineur d’exception qui sait murmurer à l’oreille des lions. Force tranquille d’un séducteur, légende d’un écolo convaincu dans Out of Africa de Sydney Pollack en 1985.
Robert Redford et sa fêlure héroïque se retrouvent dans ces deux séquences de cinéma. Beatnik dans l’âme qui se rêve artiste peintre, il devient le modèle d’autres toiles, celles du grand écran. En 1969, Paul Newman l’impose dans Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill où Redford subvertit sa gueule de beau gosse yankee. Roi du hiératisme, c’est de l’intérieur qu’il dézingue sa joliesse. Sydney Pollack le fait tourner dans 7 films entre 1966 et 1979 avec la même volonté de déconstruction. En 1980, le monstre sacré passe derrière la caméra avec Des gens comme les autres. Une décennie plus tard, il tend le flambeau de la gloire à Brad Pitt, son fils spirituel de cinéma, dans Et au milieu coule une rivière. Fondateur du Festival du Film de Sundance, Roberd Redford est à Cannes dans All is lost de J. C. Chandor. Mais avant, Baz Luhrmann et Leonardo Di Caprio ouvrent le festival 2013 avec Gatsby le magnifique. Blonds hors compétition.
Mia Farrow
Une jeune fille au teint blafard, quasi-concentrationnaire. Blondeur et silhouette brindille à la Twiggy engrossée, dévitalisée par Satan dans Rosemary’s baby de Roman Polanski en 1968.
Une jeune femme des beaux quartiers de New York à la voix haut perchée consomme de la poudre de perlimpinpin et acquiert le don d’invisibilité. Affranchissement d’une bourge qui se transforme en Mère Teresa dans Alice de Woody Allen en 1990.
Tout Mia Farrow est dans ces deux rôles-titres. Voix qui glousse, silhouette cartoonesque, mouvements désarticulés, candeur plus fine mouche que tête de linotte. Cette enfant de la balle, fille de Maureen O’ Sullivan, la célèbre Jane de Tarzan, rencontre la notoriété avec la série TV Peyton Place. Sa vie privée fait la une des tabloïds : son mariage avec Franck Sinatra pendant les sixties, sa rupture avec Woody Allen qui la retrouve 13 fois devant sa caméra entre 1982 et 1992. Mia Farrow a connu les hauts et les bas des studios, a été l’égérie de l’un des plus grands metteurs en scène américains. Telle Alice qui traverse le miroir, Mia s’est quelque peu éloignée des projecteurs pour s’engager dans des causes humanitaires (Unicef, Darfour…). Une autre quête de lumière.
Gatsby le magnifique – Oscars 1975
Meilleur costume
Dans Gatsby le magnifique, Scott Fitzgerald compare Daisy Buchanan à un papillon. Theoni V. Aldredge crée pour Mia Farrow des robes arachnéennes aux couleurs printanières : crème irisée, myosotis, jonquille… La nuit, l’héroïne ressemble à une libellule avec son chapeau cloche perlé de verre et sa robe lamée aux reflets aquatiques.
Nommée 12 fois aux Oscars, Theoni V. Aldredge est la costumière de The Rose de Mark Rydell, Annie de John Huston, Leçon de séduction de Barbra Streisand…
Meilleure musique (partition de chansons et adaptation musicale)
Scott Fitzgerald invente, en 1922, le terme « Jazz Age ». Le générique composé et arrangé par Nelson Riddle offre entre deux plages de cordes et réverbes de fêtes fantomatiques, un florilège d’airs jazzy avant la reprise de la romance What’ ll I do d’Irving Berlin. Chef de file des musiciens des années folles avec George Gershwin, Cole Porter…
Dans les années 1950/60, Nelson Riddle arrange les mélodies de Franck Sinatra, Ella Fitzgerald… Il compose la b. o. de Lolita de Stanley Kubrick, le générique de la série TV La Croisière s’amuse.
Adaptations de Francis Scott Fitzgerald au cinéma
Le dernier Nabab de Elia Kazan (1976)
L’étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher (2008)
Gatsby le magnifique de Baz Lurhmann (2013)
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