Chaque fois que je lui écrivais, je mettais sur l’enveloppe : « Mademoiselle Framboise Dorléac » pour être certain qu’elle lirait ma lettre en souriant.

François Truffaut 

Flash-back de cinquante ans. Une jeune étoile file à toute vitesse vers l’aéroport de Nice, s’embrase littéralement au volant de sa voiture. La conductrice est belle. Actrice déjà célèbre. Crash d’une promesse scintillante en route vers la lumière… Ce fait divers pourrait être la trame d’un film de Hitchcock, de Palma, Cronenberg, Lynch.

L’héroïne ressemble à une Julia Roberts avant l’heure. Timide et exubérante. Avec des taches de rousseur et de longs cheveux libres qui dissimulent les angles de son visage. Avec d’immenses yeux de chat qui démentissent par leur velours l’électricité, l’abrupt de ses gestes. Avec une présence insolente accentuée par une voix au timbre presque rauque, au débit en cataracte. Avec l’élégance d’un mannequin alliée à la souplesse d’une danseuse infatigable. Avec un talent si éclatant qu’il fait s’élever et s’agrandir l’écran lorsque son visage et son corps apparaissent. Hélas, ce fait divers n’est pas une histoire de cinéma.

La jeune étoile qui s’est éteinte après quinze films – Belle au bois dormant pour tout le temps – ne cesse de briller dans nos mémoires. Reflet aigre doux dans Cul de sac de Roman Polanski et La Peau douce, la seule oeuvre lyrique de François Truffaut. Clarté à faire mal aux yeux dans L’Homme de Rio de Philippe de Broca et surtout dans Les Demoiselles de Rochefort, l’opus de la gémellité dans le Demy monde.

Nom : Dorléac

Prénom : Françoise

Profession : comédienne au tempérament de star

Signe particulier : immortelle parce qu’irremplaçable