Aucune femme n’est pareille. Chacune a quelque chose d’unique et d’irremplaçable.

François Truffaut

lettre-àla-femme-d-a-cote-truffaut-telerama-cinemathequeMathilde mon chéri,

Mathilde, ce prénom aristocrate qui sied si bien à ton incandescente sophistication, je prends tant de plaisir à le dire. Doucement. Sur le souffle. Mathilde. J’approche ma main de ta joue sur laquelle je dépose un baiser. Je t’enlace, te serre tout contre moi. Bientôt nous sombrons ensemble, toi et moi, emportés dans les flots tumultueux d’une archaïque passion.
De ta belle voix grave, tu m’appelles. Chaque mot, comme en suspension dans l’air saturé de désir, est une invitation à t’aimer. A te prendre. Sans cesse. Et je t’aime, oh oui, je t’aime. Mon envie de toi m’étourdit. Le manque me consume. Je m’étiole. Je suis devant toi comme un enfant devant la vitrine d’un pâtissier, saisi d’une faim que rien ne saura apaiser. Nous nous dévorons affamés. Insatiables.

Telle une chatte dans la nuit, tu m’implores. Ma féline aux yeux d’obsidienne, je réponds à l’appel de ton corps si souple, si troublant. Ce corps dessiné pour l’étreinte, je veux le posséder encore et encore. Nous nous jetons l’un sur l’autre, chutons dans la folie d’une aliénation féroce et incontrôlable. Irrésistible. Comme ces chats en chaleur dont les feulements transpercent la nuit, nous baisons. Deux animaux sauvages !
J’essaie de résister. Je m’éloigne. Un mot de toi, j’accours. Je vacille. Le tourbillon nous entraîne à nouveau vers des rivages toujours plus dangereux. Face à toi, je rétrécis. Désemparé, chaviré de désir, bouleversé par cette ensorcelante fascination qui m’attire à toi. Inexorablement. Et pourtant tu m’irrites souvent avec tes phrases alambiquées, ta garde-robe à contretemps, ton charme suranné, ta manière de toujours tourner autour du pot. Mais je reviens sans cesse. Gros benêt amoureux de l’étoile !

Mathilde, ma douce exaltée, tu me fais peur parfois lorsque ton regard s’embue de tristesse, que ton sourire si tendre s’étire en un rictus de douleur. Nous ne sommes pas faits pour être ensemble, toi et moi le savons. Nous voulons croire pourtant que nous pouvons être amis. Que l’ardeur s’apaise, que le besoin se consume, que les sentiments meurent. Mais les vertiges de la dépendance, une fois encore, nous emportent et nous précipitent dans les abîmes sans fond de l’amour fou.
Au creux de la nuit, tu te tiens dans le noir. Silhouette menaçante. Ombre macabre. Prêtresse vénéneuse. Vamp mortifère. Nous nous enlaçons. Nous faisons l’amour. Une lutte sans merci. Une ultime étreinte. Mon sexe niché au plus profond de toi, Mathilde mon chéri.

Bernard