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La peur des hommes
De l’ombre relative du mannequinat au plein feu de la starification, les cheveux de BB abandonnent le brun, virent au roux avant d’épouser le blond « paille ensoleillée ».
Telles les pièces montées capillaires de Marie-Antoinette, la coiffure de Brigitte Bardot s’échafaude au-dessus de sa tête, gonfle et grimpe haut, toujours plus haut au fur et à mesure de son ascension au royaume du cinéma.
Lors du passage des fiveties aux sixties, les coquettes, avec des bonheurs différents, s’empressent d’adopter la fameuse « choucroute » composée de mèches emmêlées dans un négligé des plus extravagants. Quant au prénom de Brigitte, il fait des ravages sur les actes de naissance.
Face à la déferlante Bardot qui ne cesse d’envahir la une des tabloïds, l’actrice, étouffée par l’ampleur du phénomène, a bien du mal à exister.
Depuis Et Dieu créa la femme, BB enchaîne les films, mais les metteurs en scène démunis devant l’impact de la bombe sexuelle font preuve d’une inspiration microscopique en la cantonnant dans des rôles légers de ravissante idiote ou de sauvageonne innocente. Écart infime pour une ex-danseuse !
Pourquoi une telle frilosité ?… Parce que pendant près d’une décennie, la Bardot mania embrase et consume tout sur son passage : les sujets des cinéastes, mais aussi l’ego de ses partenaires masculins. Dans l’univers machiste du cinéma, les monstres sacrés aiment enlacer les stars à condition que le glamour de celles-ci les accroche de plus belle sur leur piédestal.
Au fil des années 1960, Hollywood fait les yeux doux, offre des ponts d’or à BB. Les projets affluent, mais Franck Sinatra ou encore David Niven préfèrent se retirer de peur que l’aura vampirisante de l’idole ne les éclipse.
Seul, en 1965, James Stewart accepte de frôler le mythe dans Dear Brigitte de Henry Koster. Mais attention, juste frôler Brigitte car Bardot apparaît en tout et pour tout dix minutes dans le film en jouant… son propre rôle ! Première fois dans l’histoire du septième art qu’une star s’auto-interprète dans un caméo.
Brigitte Bardot, Billy Mumy, James Stewart
& l’affiche nipponne du film
Cette participation montre combien l’industrie des images rêve d’intégrer les initiales BB dans ses génériques, mais s’en méfie tout autant, voire s’en effraie.
Tout le monde cinématographique ?… Non, en 1957, trois vieux de la vieille relèvent le défi de ne pas être écrasés par la notoriété de la belle et, cerise sur le scénario, de lui offrir une partition dramatique. Ce trio courageux n’est autre que Georges Simenon, Claude Autant-Lara et Jean Gabin prêts pour l’aventure du film En cas de malheur. Titre non prémonitoire puisque ce drame bourgeois s’avère l’un des plus beaux fleurons et des grands succès de la carrière de Brigitte Bardot.
Mais ne te promène donc pas toute nue
Dans un premier temps, Jean Gabin ne déroge pas à la règle et refuse de tourner avec « cette chose qui se promène toute nue ». L’acteur a ses raisons. Il revient de loin. Vieilli avant l’âge sur le front de la seconde guerre mondiale, il entame une longue traversée du désert avant d’être ressuscité sous les sunlights grâce à Touchez pas au Grisbi de Jean Becker et à French Cancan de Jean Renoir. Il décroche les rôles de ces deux films en sachant, à chaque fois, qu’il n’est que le second choix.
Trois courtes années après son retour, le comédien s’est refait une santé au box-office en incarnant la maturité patriarcale. Il n’a pas l’intention de laisser ternir cette aura de dignité par le tapage médiatique que provoque une pin-up.
Jean Gabin
« C’est du vent le cinéma, de l’illusion, des bulles, du bidon. »
Paris Presse – 1959
Malgré son flair et ses années de métier, Gabin a tout faux. C’est grâce à la réputation immorale de Bardot qu’il peut composer et ciseler, avec encore plus de respectabilité, le personnage d’André Gobillot, un avocat en proie au démon de midi. La différence d’âge laisse à l’acteur le champ libre pour la domination. Quant à Yvette Maudet, le rôle de la jeune cliente, il symbolise la dérive de la jeunesse de l’après-guerre et apporte de la vulnérabilité à Brigitte. La promesse d’une profondeur qui lui fait tant défaut et qu’elle brigue pour gagner ses galons de comédienne.
Sur le tournage, Jean Gabin est ému par « la môme ». BB, elle, est pétrifiée. Lors de leur première scène, il lui est impossible de jouer ses répliques. Elle se souvient : « Sentant mon angoisse, ma timidité, il a fait exprès de se tromper à la prise suivante. Il a détendu l’atmosphère et j’ai enfin pu dire mon dialogue sans me tromper. ».
Jean Gabin s’évertue à faire rire sa partenaire entre les prises. Aux commandes, le réalisateur du Rouge et et le noir ou encorede La traversée de Paris est aussi touché par l’acharnement au travail de Brigitte. La jeune star va jusqu’à mimer les expressions de son personnage face à un miroir pour mieux les retranscrire devant la caméra.
Au final, la censure coupe la scène où Yvette Maudet s’assoit sur le coin du bureau de l’avocat. Face à elle, impassible, Maître André Gobillot l’observe, les poings serrés de désir dans les poches. BB remonte lentement sa jupe. Le tissu découvre une paire de fesses jeune et parfaite.
Face à En cas de malheur, la critique fait la fine bouche malgré François Truffaut, Jacques Doniol-Valcroze et Claude Mauriac qui, dans un même élan inspiré, prennent la défense de BB. Le public, lui, fonce et remplit les salles.
Cette œuvre présentée avec faste au festival de Venise déclenche dans le ciel un ballet d’avions à réaction qui tracent le double B désormais mondialement célèbre. Si Brigitte Bardot est devenue une institution nationale au même titre que la régie Renault, il lui faut encore enfoncer le clou pour accéder au panthéon des actrices dites « sérieuses » comme, particulièrement à cette époque, Jeanne Moreau.
Suite à une poignée de films oubliables, la reine Bardot peut enfin saisir cette opportunité avec Henri-Georges le Terrible. Clouzot et Brigitte se réunissent en 1960 pour exprimer artistiquement leur version de La vérité. L’alliance est bénie par Roger Vadim. Grand prince, il confie à L’Express : « Brigitte s’est élevée au niveau d’une grande tragédienne – on l’a dit, on le dira, personnellement je n’ai jamais douté de ses possibilités – mais au-delà encore il y avait cette grâce. Cette grâce de savoir aimer. ».
Rien que la vérité
Comme Monsieur Jourdain avec sa prose dans Le bourgeois gentilhomme, Henri Georges Clouzot pratique sans le savoir la méthode de l’Actor’s Studio dans ce qu’elle a de plus extrême. Le cinéaste, l’un des plus grands du milieu du XXe siècle, annonce la douleur : « Je torture les acteurs pour obtenir ce que je veux. ».
Pendant les tournages, la nuit comme le jour, Clouzot pousse à bout ses interprètes et les membres proches de son équipe technique pour les maintenir dans un état de tension proche du climat de ses films sombres, éprouvants comme L’assassin habite au 21, Le corbeau, Les diaboliques, Le salaire de la peur…
Bardot ne peut rêver de meilleur maître de (chefs)-d’œuvre pour dépasser le verni du glamour et atteindre la douleur la plus vraie, la plus crue grâce au personnage de Dominique Marceau. Dans La vérité, cette jeune héritière tue son amant parce que celui-ci lui préfère sa sœur, une sage violoniste. La veille de son jugement, Dominique meurt en s’ouvrant les veines dans une cellule de prison.
Clouzot Bardot : du rire aux larmes…
Pendant l’élaboration du projet, le réalisateur confie : « On me dit que Brigitte est indisciplinée, fantasque, tyrannique, orgueilleuse et solitaire. Ce sont là les qualités et les défauts d‘un enfant du XXe siècle. On me dit que nos deux tempéraments confrontés créeront des étincelles contradictoires, violentes ; bref, que tout n’ira pas tout seul. S’il faut, je contrerai Brigitte. De cette lutte naîtra, j’en suis persuadé, un grand film. Nous sortirons tous deux vainqueurs de la bataille ».
Clouzot met ses propos à exécution. Plonge ses interprètes dans un climat de haute tension. Va jusqu’à gifler Bardot pour la faire pleurer pendant le long climax du film, la séquence du tribunal. Le cinéaste prétend que c’est la star qui lui demande. D’autres assurent que B.B. lui rend le soufflet illico. Où se cache-t-elle la fameuse vérité ?… Les arcanes de la création sont à l’image des secrets d’alcôve. Sorties de leur contexte, ces anecdotes condamnent ou encensent avec un même parti pris de simplification, de dévitalisation les protagonistes d’une situation des plus complexes.
À la fin du tournage, Clouzot et Bardot se congratulent. Henri-Georges déclare : « Je n’aurais pas tourné la vérité sans elle. ». Brigitte surenchérit : « C’est mon film préféré, le tournant de ma carrière. ».Des années plus tard, BB traite le cinéaste de psychopathe. Elle l’accuse, entre autres, d’être à l’origine de sa tentative de suicide.
Le film sort et la presse titre : Et Clouzot créa la tragédienne.
Michel Aubriand écrit dans Paris Presse : « BB n’est pas géniale, elle est elle-même. Son génie, c’est sa vérité. Le film de Vadim sanctionnait une heure importante de sa vie. Il fallait l’attendre à une autre heure et cette heure ne devait pas être choisie arbitrairement. L’année dernière, Brigitte n’aurait pas été aussi bouleversante dans ce film. L’an prochain, elle ne pourrait peut-être plus l’être. ».
Ému par la performance de l’actrice, le public remplit les salles. La vérité est un franc succès. Seules les médias sont choqués. Non par le meurtre de Dominique Marceau, mais par les choix de vie que Bardot impose à Brigitte.
Une institution nationale
BB à la noce
Jacques Charrier, gueule d’ange avec fossettes hésitant entre les faciès romantiques de Jean-Claude Pascal et de Gérard Philippe, s’impose en 1958 grâce à l’énorme succès des Tricheurs de Marcel Carné. Ce film sur l’errance adolescente, préfigurant l’Outsiders de Francis Ford Coppola, révèle aussi Jean-Paul Belmondo et Laurent Terzieff.
Deux longs métrages plus tard, Jacques Charrier reçoit un scénario de Raoul Lévy et de Gérard Oury intitulé Babette s’en-va-t’en guerre, une comédie légère réalisée par Christian Jacques et interprétée par Brigitte Bardot.
À l’aube de son ascension, Charrier a tout à gagner. Une oeuvre populaire aux côtés de la plus people des comédiennes, quelle publicité ! La réalité va dépasser ses espérances…
Sur le tournage, BB s’entiche très vite de JC. Fils de militaire, donc à l’époque de « bonne famille », le jeune homme s’adonne à la céramique. Jacques Charrier ou le parfait gentilhomme du XXe siècle alliant l’atavisme viril de l’arme à feu à la sensibilité des arts plastiques.
Si la France se réjouit de la énième idylle de l’idole, elle applaudit à tout rompre quand elle apprend que BB convole en secondes noces ! En 1956, le rocher monégasque a obtenu son mariage de rêve avec le Prince Régnier et Grâce Kelly, pourquoi l’hexagone serait-il en reste ?…
Si la population bien pensante a fermé les yeux sur le divorce de Bardot et de Roger Vadim, accepté les liaisons de Brigitte avec Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel etSamy Frey, c’est uniquement au nom de la jeunesse de l’actrice. Période qui doit se passer avec le verbe « falloir » à la clé…
Mais, au temps où une femme mariée doit demander la signature de son mari pour obtenir un chéquier à la banque, il est important que l’adorable, mais impossible Mademoiselle BB, trouve chaussure à son pied. Une chaussure assez ferme qui saura mater son cœur d’artichaut et la faire avancer dans le droit chemin. C’est-à-dire jouer avec parcimonie à la saltimbanque, être une épouse dévouée et, surtout, devenir une mère de famille respectable !
Le mariage des deux idoles des jeunes se déroule le 18 juin 1959 à la mairie de Louveciennes. Après une course-poursuite avec les journalistes digne d’un James Bond au mieux de sa forme, Brigitte devient Madame Charrier. Pour l’occasion, elle porte une robe en vichy rose. Étoffe aussitôt achetée par des millions de françaises !
Après la choucroute, BB affiche des tenues avant-gardistes pour l’époque car elles sont confectionnées dans des tissus non nobles comme le coton.
Pour le grand jour, Brigitte remplace le voile de tulle par l’auréole solaire de ses cheveux et opte pour une tenue courte dont les motifs à carreaux roses diluent le sacro-saint blanc de circonstance.
Choucroute + vichy rose = BB
Avec ce modèle réalisé dans une matière accessible à toutes les bourses, Bardot annonce l’avènement du prêt-à-porter, discret à la fin des années 1950. Au cœur des sixties, bien avant la vague hippie, Brigitte choisit la toile denim encore rare sur le corps des femmes. Avec un Blue-jeans, elle noue les pans d’un chemisier à rayures emprunté aux hommes et montre son nombril comme un bijou. Enfin, en 1974, Bardot apparaît pour la dernière fois à l’écran en vantant les pantalons Karting, coupés dans un jersey bon marché.
Les femmes d’aujourd’hui doivent leur liberté de mouvement à Coco Chanel, la ligne de leur pouvoir à Yves Saint Laurent et un peu de la démocratisation de leur look à Brigitte Bardot. Démarche populaire toujours encensée par le logo vichy rose des magasins Tati dont le slogan est : Les plus bas prix !
Vie privée…
La nation est aux anges. Le 11 janvier 1960, sa future Marianne vient de mettre au monde un mâle, Nicolas. Pour calmer l’ardeur des paparazzis qui se pressent autour de l’appartement parisien de BB de la rue Paul Doumer, Jacques Charrier offre le champagne à tous.
La star vient de vivre la rançon de la gloire de la plus terrible façon. Encore traumatisée par cet épisode de son existence en 1982, Bardot confie à France-Soir magazine : « ça a été inhumain ce qu’on m’a fait subir. Je n’avais plus la possibilité de marcher, de sortir ou d’aller chez mon médecin. Je n’ai même pas pu accoucher en clinique. Il a fallu qu’on installe chez moi une salle d’accouchement, parce que j’étais littéralement cernée par la presse mondiale. Les journalistes grimpaient dans les chambres de bonnes. Ils avaient loué à prix d’or ces chambres qui donnaient dans mon salon. Il a fallu que je vive pendant trois mois les rideaux et les volets fermés, sans pouvoir sortir. Je n’ai même pas pu aller me faire faire une radio. Ça a été affreux, cette naissance de Nicolas ; d’une inhumanité ! Les gens se sont conduits avec moi d’une façon barbare, vraiment barbare ! ».
À partir de ce moment-là, la cyclothymie ponctuée de crises de paranoïa aiguë s’empare de l’actrice. Bardot attente à ses jours le 28 septembre de la même année, la date anniversaire de ses 26 ans.
En 1962, la nouvelle fait l’effet d’une bombe : Bardot quitte son mari et lui confie la garde de leur enfant. En un mot, Bardot l’actrice gagne sur Brigitte, la mère. La comédienne ose faire passer sa carrière avant sa vie de famille !
La presse écrite, alors toute puissante, grince des dents devant cette nouvelle provocation. Choqués, les medias influencent l’opinion. Bardot est accusée d’avoir feint son suicide pour se faire de la publicité. Plus grave, la créature de Satan a empêché son mari de se ranger sous les drapeaux pendant la guerre d’Algérie. Le comble pour un fils de militaire ! Exempté pour des raisons de santé, le pauvre Jacques Charrier passe pour une chiffe molle manipulée par un monstre d’égoïsme au sang froid.
Du respect à l’hystérie, les célébrités secrètent par leur personnalité un parfum plus ou moins conscient qui détermine l’attitude du public. Depuis ses débuts, Bardot, quoi qu’elle fasse, déclenche les passions, attise l’hystérie.
Après avoir tenté de mettre fin à ses jours, des milliers de lettres lui parviennent. Si beaucoup la soutiennent, d’autres regrettent qu’elle ait raté son geste, l’injurient tant elle fait honte et déshonore la « bonne » moralité française.
Les sorcières de Salem de d’Arthur Miller porté à l’image par Raymond Rouleau ou encore Hiroshima mon amour de Marguerite Duras adapté par Alain Resnais aurait pu sans rougir intégrer BB dans leur distribution. Le portrait idéal de la femme scandale brûlée sous l’Inquisition, tondue à la Libération.
En 1963, Louis Malle confie à l’actrice le rôle de Jill dans Vie privée. Le scénario, co-écrit par Jean-Paul Rappeneau, raconte l’histoire d’une jeune fille montée à Paris pour être danseuse. Remarquée par un photographe, elle devient une people harcelée par les journalistes. Elle part en Italie rejoindre Fabio, un metteur en scène dont elle est amoureuse, espérant ainsi échapper à la presse, à la foule…
Dans cette curiosité cinématographique non dénuée de poésie, Bardot apparaît comme un chaton pourchassé. Plus qu’une fiction, cette radiographie entre fiction et documentaire tente, non pas d’expliquer, mais de saisir l’impact du mythe grâce à une caméra stylo où Brigitte remplit les blancs avec ses expressions, sa gestuelle.
Louis Malle se souvient du premier jour de tournage : « Elle ne pouvait pas sortir dans la rue. Je me souviens d’un incident qui avait frappé toute l’équipe. Nous tournions dans un passage très luxueux de Genève. C’était pendant la nuit. Or, ce soir-là, il y avait une masse de badauds, des bourgeois de Genève, pas des prolos. Dès qu’elle est arrivée, une femme lui a craché au visage… Il y a aussi dans le film une scène frappante où Jill rentre chez elle à cinq heures du matin. Elle monte les escaliers, et une femme de ménage commence à l’agresser. Cette scène-là, on ne l’a pas inventée avec Jean-Paul, c’est Brigitte qui nous l’a racontée… ».
Mastroianni + Malle + Bardot = Vie privée
…vie publique
Sans tenter d’en percer toute la complexité, cette haine collective possède une explication. Depuis Et Dieu créa la femme, Bardot vit comme un homme. Actrice la mieux payée de France, riche à millions, elle choisit les amours de sa vie et décide de partir quand elle ne les aime plus. Son autonomie financière lui permet d’accéder à la liberté sentimentale, mais surtout sexuelle. Figure essentielle dans la mythologie de son époque, BB fait voler en éclats la vocation sacrificielle attribuée socialement aux femmes, largement relayée par l’influence catholique.
Les intellectuels ne s’y trompent pas. Tous voient en la comédienne le prototype de la femme de demain. Jean Cocteau et Simone De Beauvoir n’hésitent pas à saisir leur plume.
Le poète place Brigitte dans une mythologie libre chère à son cœur : « Il est probable que le destin a mis Brigitte Bardot à la place exacte où le rêve et la réalité se confondent. Sa beauté, son talent sont incontestables, mais elle possède autre chose d’inconnu qui attire les idolâtres d’un âge privé des Dieux. »
L’auteur du Deuxième sexe, issue de la bourgeoisie qu’elle vomit et aussi l’aînée d’une sœur moins brillante, s’identifie à BB : « Brigitte Bardot n’est ni perverse, ni rebelle, ni immorale, et c’est pourquoi la moralité n’a pas sa chance avec elle. Le bien et le mal font partie des conventions devant lesquelles elle ne songe même pas à s’incliner. Elle fait ce qui luiplaît, et c’est cela qui est troublant. Les fautes morales peuvent être corrigées, mais comment Brigitte Bardot pourrait-elle être guérie de cette éblouissante vertu : l’authenticité ? ».
La reine païenne
En 1958, Marguerite Duras couche sur le papier ce raccourci magnifique : «La Reine Bardot se tient juste là où finirait la moralité et, à partir de quoi, la jungle serait ouverte de la liberté amoureuse. Un pays d’où l’ennui chrétien est banni.».
À la fin de Vie privée, Louis Malle décide de faire mourir son héroïne. Cloîtrée dans sa chambre, Jill ne peut assister à la première du spectacle de Fabio à cause des émeutes qu’elle provoque. Elle grimpe sur le toit de l’hôtel pour jouir du spectacle. Le flash d’un journaliste l’éblouit. La célébrité déséquilibrée tombe dans un vide sans fond telle l’Alice de Lewis Carroll.
Le réalisateur commente la fin de son oeuvre : « Cette fin, cette longue chute dans l’infini ne signifie peut-être pas la mort. C’est une conclusion lyrique, une fin pour héroïne mythologique. Ce n’est peut-être qu’une partie d’elle qui s’en va, se détache et tombe…C’est un peu comme dans un songe. ».
Tout au long des entretiens de cette période, la comédienne évoque son incarcération perpétuelle dans la prison dorée de la notoriété. À chaque nouveau film, elle jure de quitter le cinéma. Mais le septième art n’en a pas encore fini avec Bardot. Avant de la laisser lui échapper, il doit lui offrir un chef d’œuvre proportionnel à l’ampleur de son phénomène. Un film inclassable où une femme et un homme s’éloignent dans le monde du cinéma, se perdent sous le regard des divinités de l’Odyssée maquillées en scope. Un écrin à la fois somptueux et expérimental : Le mépris de Jean-Luc Godard.
www.ecrannoir.fr
11 Ils ont dit
J’adore le ton 🙂 Le passage sur Marilyn est très beau, en tant que grande fan j’étais toute émue en le lisant.
Bises
Grande Ourse !
tres intiresno, merci
Merci de me consacrer deux clics 🙂
Voilà l’histoire,
je participe à un concours sans intérêt auquel j’arriverai sans doute 92ème (si tout se passe bien).
Ce n’est pas grave et sans importance.
Par contre, une copine et moi sommes en compétition et pour le moment elle me devance de 7 voix, ce qui est insupportable.
Nous menons donc campagne pour écraser l’autre.
Il s’agit donc de voter pour le plus « Very Nice Blog ».
Donc vous cliquez ici
http://veryniceblog.com/very-nice-candidats/haut-et-fort/sur-la-route-du-cinema/
et quand vous y êtes, vous cliquez sur le petit coeur.
C’est simple. Et n’hésitez pas à faire voter vos amis et les amis de vos amis 🙂
Ce qui ne vous empêche pas de visiter le plus very nice blog de toute façon
http://surlarouteducinema.com
Merci de votre attention.
Pouvez reprendre vos activités !
Bises et plus si affinités.
Pascale.
Quel plaisir de te lire. Magnifique portrait !
Pierre Lenoir
Bon travail !
Fabienne esquivillon
j’ai adoré même si moins léger que le précédent, le ton est de circonstance.
Bise
Sheila
Hello Benoit
Comment vas-tu?
J’ai continué à faire pas mal de vidéos , parmi d’autres réalisations multimédia
(dernière http://www.tv5.org/rio )
Sais-tu que je me suis occupé pendant plusieurs années du fonds Lévin LE photographe de BB?
C’est dire que je connais l’oeuvre de l’un et la plastique de l’autre par coeur.
J’avais même fait la sélections d’images du livre BB par S Lévin édité aux éditions PC en 1998 (je crois)
Voilà pour l’info.
J’espère que nousaurons l’occasion de nous revoir un jour.
A bientôt
Super !! decidément de plus en plus envie de voir l’expo ….
Et samedi matin à l’ouverture, après on a le temps de déjeuner ensemble, ce serait chouette !
Sinon, je suis très libre toute la semaine pour une projo avec toi …
Je t’embrasse. Pepette
C’est toujours un bonheur de te lire !
A quand le livre ?
Je t’embrasse.
Anne Flandrin
Bonsoir Benoît,
Je n’ai pas eu le temps de m’excuser auprès de vous pour mon absence lundi matin mais j’ai actuellement un petit souci sur un film en cours qui m’a retenue en salle de montage.
Je me suis cependant renseignée auprès de serge qui m’a dit qu’il avait été ravi de votre rencontre.
A lire donc votre article,
Bien à vous
Marianne Lère
bardot, c’est pas came, mais j’adore les textes et me laisse prendre à son histoire !
Mela on the Rocks