Amusez-vous à composer le casting de JUSQU’A TOI.
Lequel de ces comédiens envisagez-vous pour interpréter le rôle de Clément ?
Louis Garrel
le brun
Nicolas
Duvauchelle
le blond
Nicolas Gob
Les voyages déforment la jeunesse.
Honoré de Balzac
1. EXT. JOUR – VILLA PORTUGAL
Il tient une flûte à champagne dans une main et la bouteille dans l’autre. Vide son verre d’un trait et le remplit aussitôt.
… De toute façon, avec tout ce que tu t’es envoyé, ça aurait dû t’arriver plus tôt…
Des larmes lui montent aux yeux. Il les réprime en buvant une grande gorgée.
Dans l’embrasure de la porte d’entrée, apparaît LAURA, la vingtaine, le teint très pâle, vêtue d’une robe chasuble gris sombre sur une chemise d’homme blanche. Elle porte en collier une chaîne épaisse avec au bout un carnet aux pages détachables dont la couverture est en argent ciselé. La chaîne se prolonge sur un côté du carnet. À son extrémité : un stylo en argent.
Laura arrive sans bruit près de Ferguss qui sursaute, s’étrangle, et renverse du champagne sur son costume.
Laura !… On ne vous entend jamais arriver aussi !… C’est vrai, on ne sait jamais quand vous êtes là !…
Ferguss tend la bouteille à Laura.
Agacé, il saisit sa pochette et essuie son revers de veste.
… Qu’est-ce qu’il fabrique ?… Il est où ?…
Laura regarde froidement Ferguss.
Elle pose la bouteille sur le sol, écrit rageusement un mot sur son carnet. Elle arrache la page, la donne à Ferguss, saisit la bouteille et tourne les talons.
Ferguss découvre le mot où il est écrit : LÂCHEZ – LE !
2. INT. JOUR – VESTIBULE
Laura et Ferguss pénètrent dans un grand vestibule à plafond haut avec un escalier princier. Leurs pas résonnent. Ils semblent écrasés par un tel espace.
Au centre de la pièce, trône un cercueil en bois sombre posé sur des trépieds métalliques.
De chaque côté de l’escalier, trois jeunes hommes silencieux en costume noir, chemise blanche et cravate noire.
Au passage, Laura tend la bouteille à l’un d’entre eux.
Elle monte les marches suivie de Ferguss qui tend sa coupe à un autre jeune homme.
J’aurais peut-être dû engager des figurants… Ça aurait fait plus enterrement…
Ils disparaissent au premier étage.
Un des jeunes hommes tape du coude son voisin.
Ils se ruent sur la bouteille et la boivent au goulot.
Tous les autres se précipitent avidement autour d’eux.
3. INT. JOUR – PALIER
Laura et Ferguss arrivent dans un couloir avec trois portes closes de chaque côté.
Laura se dirige vers la seconde porte à gauche. Elle l’ouvre sur une chambre aux poutres anciennes, aux murs gris pâle, meublée de bois clair avec un grand lit blanc.
Personne dans la pièce.
Ferguss ouvre la porte en face.
4. INT. JOUR – CHAMBRE BERTRAND
La pièce aux volets entrouverts est plongée dans une presque obscurité. Les murs sont de couleurs ocre, ambre et chocolat. Les meubles sont d’esprit design. Le métal et le verre dominent.
Laura et Ferguss découvrent CLEMENT, la vingtaine, pas rasé, lunettes de vue sur le nez, vêtu d’un peignoir éponge blanc. Le jeune homme se tient devant une penderie éclairée de l’intérieur.
Ses mains caressent différentes épaules de vestes en lin, en flanelle, en tweed… Les doigts s’attardent sur un manteau de laine brune.
Tu en as encore pour longtemps ?… On t’attend…
Les doigts de Clément glissent jusqu’au col du vêtement.
C’était son préféré…
La main de Clément décroche le vêtement.
5. INT. JOUR – SALLE DE BAIN
Le robinet de douche crache de l’eau fumante.
Clément est immobile sous le jet. Il fixe le manteau sombre accroché derrière la vitre dépolie de la douche. Le vêtement ressemble à une silhouette, à une ombre floue.
Clément se plaque contre la vitre comme s’il s’abandonnait contre un corps aimé.
6. INT. JOUR – VESTIBULE
Clément, pas rasé, les cheveux mouillés, descend les escaliers quatre à quatre.
Il porte une chemise blanche au col grand ouvert, un jeans et une paire de baskets. Posé sur ses épaules, le manteau de laine lui donne une allure altière.
Laura et Ferguss le regardent, interrogatifs.
Clément traverse le vestibule, ignore le cercueil et arrive à leur hauteur.
On peut y aller !
Sans s’arrêter, il sort de la maison.
7. INT. JOUR – VOITURE
OFF
Pluie qui tombe sur la carrosserie.
Clément est assis dans le fond d’un véhicule luxueux. Il fume une cigarette.
Les yeux du chauffeur, ANTONIO, le regardent furtivement à travers le rétroviseur.
La vitre descendue, Clément fixe les six jeunes hommes qui portent lentement le cercueil vers un convoi funéraire garé devant la villa.
La pluie redouble de violence. Les hommes finissent aux pas de course. Le cercueil est malmené.
8. EXT. JOUR – PLAGE
Le manteau de laine est jeté brusquement dans le fond d’une barque.
Deux mains déposent une urne funéraire sur le vêtement.
Clément pousse la frêle embarcation dans les vagues, monte dans la barque et rame vers le large.
8 A). EXT. JOUR – PLAGE
Loin du rivage, Clément enveloppe l’urne dans le manteau. Il balance le tout dans l’eau.
Le manteau coule lentement à pic et disparaît.
9. GÉNÉRIQUE
OFF
Musique
Fond noir.
2 Ils ont dit
er Benoit,
Comme tu as toujours le chic pour tomber pile poil dans mes états d’âme !
J’aurai volontiers répondu à ton interrogation jusqu’à cette histoire d’enterrement puis d’urne immergée. A partir de là, je n’ai plus l’esprit tout à fait clair, envahie par l’écho de la douleur, et me voici en larmes, un état habituel chez moi lorsque je suis confrontée à tes écrits ! Impossible d’aller plus loin, sans la peur au ventre de me transformer à nouveau en fontaine et mes tâches du jour ne me permettent pas de me laisser aller à une déprime passagère.
Donc à la simple lecture du début, je pencherais plutôt pour Louis Garrel et cette impression de désinvolture qui masque (mal) des douleurs d’âme, ou Nicolas Gob, cependant plus effacé.
Mais je ne craque pas pour Duvauchelle du tout.
Après, il est vrai que je n’ai vu jouer ni les uns ni les autres, et que les photos choisies influencent aussi par la posture prise.
Enfin, je ne sais si je vais pouvoir venir voir Peau d’âMe. Double écueil de ma sensibilité extrême.
En attendant de te revoir un jour, je t’embrasse bien fort.
Aurélie
J’ai « vu » sans hésitation Louis Garrel, intense, mystérieux, habité de chagrin… Mais il l’a déjà fait non ?
Nicolas Duvauchelle serait parfait aussi et encore plus « animal » mais habité de colère !
Le troisième, hélas, je ne le connais pas !