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ERIC ROHMER
1920 – 2010

L’ambition du cinéaste moderne, et qui fut aussi la mienne, est d’être auteur à part entière de son oeuvre, en assumant la tâche traditionnellement dévolue au scénariste. Mais cette toute puissance, au lieu d’être un avantage et un stimulant, est ressentie parfois comme une gêne.
Etre le maître absolu de son sujet, pouvoir y rajouter et y retrancher selon l’inspiration ou les nécessités du moment, sans avoir de comptes à rendre à personne, cela vous grise, mais cela vous paralyse aussi : cette facilité est un piège.

Les eighties enluneillées

Il importe que votre propre texte soit à vous-même tabou, sinon vous pataugez, et les comédiens à votre suite. Ou bien alors, si l’on choisit d’improviser dialogues et situations, il faudra qu’au moment du « montage » la distance de niveau se creuse et qu’à la tyrannie de la chose écrite se substitue celle de la chose filmée : et sans doute est-il plus facile de composer des images en fonction d’une histoire qu’inventer une histoire à partir d’images tournées au bonheur de l’instant.

Eric Rohmer
Préface des Six contes moraux (1)

Pauline à la plage, Ma nuit chez Maud
Le genou de Claire

 

(2) Cf. Archive blog 09.07 : Françoise formidablement Fabian
(2) Six contes moraux Eric Rohmer Editons Ramsay Poche Cinéma