Ce classement des 5 meilleurs films de 2008 était différent hier ; il changera peut-être demain. C’est pourquoi il revendique haut et fort sa subjectivité :
Un conte de Noël, Roubaix !
Ce scénario d’une richesse et d’un foisonnement inouïs inclut deux flash forward qui anticipent le cours du récit ponctué de split screen, fermetures à l’iris, adresses caméra, citations et références. Si vous replacez chronologiquement les flash forward, alors vous vous apercevez que dans ce « règlement de conte » familial, ce sont les enfants qui engendrent les parents. Du vrai et du très grand cinéma !
The visitor
Eh bien, non ! Cette œuvre écrite, réalisée et interprétée avec épure évite tous les poncifs américano-humano-dégoulinants. Aussi impitoyable qu’émouvante, elle dénonce sans fard la paranoïa des Etats-Unis depuis le 11 septembre et sa politique d’expulsion galopante.
The visitor concrétise à la perfection le vœu pieux de Jean-Luc Godard : faire politiquement du cinéma plutôt que du cinéma politique.
The dark knight, le chevalier noir
Éreinté par sa longévité, donc par la légitimité de son propre mythe, Batman aussi lisse que las reprend du collier pour sauver Gotham City, la jumelle de New York assombrie par la tourmente du terrorisme.
En Ben Laden punk et sadomaso, Health Joker Ledger masque au sens propre comme au figuré un abîme de blessures qui le conduisent aux frontières de la folie, de la mort.
Un Oscar posthume s’impose pour cet acteur poète parti rejoindre River Phoenix, son frère spirituel de cinéma.
Les bureaux de Dieu
Dans une réalité documentaire et une recomposition fictionnelle, Claire Simon signe non seulement un film d’une grande beauté, mais une œuvre d’utilité publique qui devrait être remboursée par la sécurité sociale.
Toutes les actrices, professionnelles ou non, veillent avec l’énergie de tous les espoirs sur ces bureaux de Dieu dont les voies toujours impénétrables cherchent la libération sexuelle à travers l’obscurantisme de l’ignorance.
Les réalisateurs scrutent, pendant la guerre du Golfe, l’implosion d’une famille israélienne enfermée pendant sept jours pour cause de deuil. Ils grattent jusqu’au sang les plaies de cette communauté. Arrachent les peaux mortes d’une société malade au fil de plans fixes dignes d’un Manoel De Olivera, de portraits de groupe grouillant comme des insectes égarés.
Les sept jours rassemble une brochette de comédiens exceptionnels au sommet de leur art : celui de l’écoute de l’autre jusqu’à son plus infime frémissement.
Next floor
Ce court-métrage du canadien Denis Villeneuve (Un 32 août sur terre, Malström) allie le naturalisme décadent d’Eric Von Stroheim à celui, grotesque, de Marco Ferreri.
Dénonçant les excès de la société de consommation, Next floor plonge sa tablée dans une descente aux enfers carnassière. Un film cinglant comme un coup de cravache !
Pêle-mêle
No country for old men de Joel et Ethan Cohen. Comment ne pas tuer, mais ressuciter le père à l’issue d’une traque au serial killer labyrinthique.
Javier Bardem
alias Mireille Mathieu
Julia l’opus américain, fiévreusement « cassavetessien » d’Eric Zonca. Un road-movie fébrile et onirique injustement boudé par le public.
Gena Swilton
Into the wild de Sean Penn. Film à l’unhappy end la plus heureuse de 2008. Se perdre, se trouver : deux pôles mentaux séparés par l’épaisseur d’un papier à cigarette. Dans cet espace infime, le cinéma se glisse et prend toute sa valeur de questionneur.
Emile Hirsch
ou le désir du néant
There will be blood ou le Citizen Kane aux accents viscontiens de Paul Thomas Anderson.
Septième ciel le mélo sexuel du quatrième âge fait un pied de nez cru à l’ogre cinéma amateur de chair fraîche. Pari aussi gonflé que réussi du germanique Andreas Dresen.
Elle s’appelait Sabine un cri d’amour à bout de bras et de toutes ses forces entre deux soeurs : Sandrine et sabine Bonnaire.
Les plages d’Agnèsest sorti après la parution du Top 5 d’Ecran Noir. Ce film-bijou partage sans nul doute la première place avec Un conte de Noël de Arnaud Depleschin. Mieux, il décroche un prix d’excellence à part, une décoration hors norme – une palme en plastique ! – à l’image de sa créatrice.
Du haut de ses quatre-vingts balais, la grande Agnès V. mi Lilliputienne, mi batracienne hisse l’artisanat du cinéma à l’esprit de poésie si cher à Jean Cocteau.
Son âme de réalisatrice-photographe-plasticienne et son appétit insatiable de rencontres se mettent au service d’une « mise en plages de vie » très marabout-bout de ficelle, impressionnante de créativité, émouvante de beauté.
Comme un boa, sa caméra avale, digère, puis régurgite beaucoup plus de souvenirs que tous les biopics assenés cette année. Plus qu’un testament : un chef-d’oeuvre.
Vous pouvez retrouver ce classement sur
www.ecrannoir. fr/le blog
13 Ils ont dit
Bonjour Johnny Guitar,
Vous avez raison, le mot « cordeau » est mal choisi. Je voulais évoquer la sobriété apparente de la réalisation et de l’interprétation qui supposent un travail millimétré, par conséquent « au cordeau » .
Merci d’avoir souligné ceci.
Bien à vous,
« Réalisé au cordeau » : une expression si figée est un argument bien faible pour vanter les qualités de The Visitor. A mon avis, il s’agit d’un film extrêmement démonstratif, caricatural, et qui exploite son caractère indépendant pour convaincre d’une bonne foi qu’il n’a pas plus qu’un discours politique, orienté et persuasif de campagne électorale. Je suis prêt néanmoins à en débattre, et un argument tel que « réalisé et interprété au cordeau » est loin de pouvoir convaincre quiconque. Il faut faire attention aux expressions figées : elles ne disent rien, et ne s’imposent que parce qu’elles arrêtent la réflexion. La pensée se visite comme une vaste maison, pour peu que le langage n’y soit pas utilisé comme des grilles closes, dont la clé ne doit jamais être définitivement perdue.
Johnny Guitar
Belle selection, mais j’aurais mis « Two Lovers » dans le top 5 ^^. Biz
Après tous ces Top 5 divers et variés je vous souhaite à tous une bonne année pleine de belles et fortes émotions cinématographiques!!!
Ravie d’avoir passé l’année 2008 au sein d’Ecran Noir j’en souhaite tout autant pour 2009….
A l’année prochaine
Morgane Postaire
La fleur bleue au pays du merveilleux te remercie pour tes bons vœux . C’est original comme commentaire.
« Idem » ,comme le dirait Demi dans « Ghost »( un film très fleur bleue ):) … Tous mes vœux pour 200neuf!
Ton classement est si bien argumenté que cela donne envie de tout voir .Tu n’as pas mis « l’Echange »?
Pour moi ,en priorité, deux films français (parce qu’il n’y en a pas assez dans ma sélection):
« Un conte de Noël »(c’est de saison!)et « les bureaux de Dieu »,déjà pour son titre et pour son sujet :le planning familial.
« No country for old men tellement supérieur à Burn after reading » : Tu as raison!Ceci dit , on attendait peut-être beaucoup trop de « Burn after reading »…
QUEL TALENT FOU TU AS !
isabelle
Mon Benoit,
Juste un JOYEUX NOEL à toi …. Amicalement.
Pepette
PARCE QU’ON EST TOUS DANS LE MEME BAIN,
À TOI AUSSI LE PLUS BEAU NOEL SWEETIE-BENOIT!
XXX
E
Merci et bravo, mon cher Benoît.
Toutefois je suis étonné de n’avoir pas vu Mes stars et moi parmi tes films préférés de 2008…
Trève de plaisanterie. En attendant, je t’embrasse et te souhaite une excellente fin d’année.
SB Devotion
Le mien aussi change tous les jours ces temps ci… mais c’est sûr qu’il y aura :
« Le cahier »,
« Un conte de Noël »,
« The visitor »,
« Two Lovers »,
« Les plages d’Agnès »…
et encore… je n’ai pas vu « Je veux voir » que je veux voir !
« Ok ! Bien noté. Merci Benoit. Passe de bonnes fêtes »
Romy schneider
Intéressante sélection ! Pas facile de faire un top 5. Biz, Karine
Pas mal la selection … ça me fait envie … j’espère que je pourrai me faire quelques séances de rattrapage pendant les vacances….
Pour hier, bien rentrés. Heureusement que tu étais là …… t’embrasse.
Pepette