Les films tissent leur toile et se répondent cet été. Gett, le procès de Viviane Amsalem de Ronit et Schlomi Elkabetz, Jimmy’s Hall de Ken Loach et L’Homme qu’on aimait trop d’André Téchiné traitent de toutes sortes de religions et de leur aliénation, aspirent à la libération, la liberté.

affiche_le procs de viviane amsalem_gett_ronit elkabetzGett, le Procès de Viviane Amsalem : dernier volet de la trilogie du calvaire marital de Viviane Amsalem interprétée par Ronit Elkabez, la Magnani du cinéma israëlien. Si la mise en scène – huis clos oblige – est moins inspirée que celles de Prendre femme et Les Sept jours, les paupières en visière sur regard froid de Simon Abkarian et la fierté de braise de Ronit Elkabez s’affrontent pourtant avec éclat et ellipses sur plusieurs années dans le même tribunal. Celui d’Israël et de ses croyances qui refusent aux femmes le droit de quitter un mari qui leur offre un toit, les nourrit, ne les maltraite pas… physiquement.
Viviane Amsalem ou l’icône païenne d’un système embourbé dans ses préjugés patriarcaux, archaïques. Mais pourquoi, Bon Dieu, les religions monothéistes rivalisent-elles de misogynie depuis la nuit des temps ?

Jimmy’s Hall qui se déroule pendant la guerre d’indépendance irlandaise, ne peut égaler le souffle épique de Le Vent se lève, Palme d’or 2006 au Festival de Cannes. Ken Loach signe malgré tout, à près de 80 ans, un film aux accents « fordiens » pas très catholique. Jimmy et son dancing des années 1920 où l’on apprend à lire, à réfléchir, à devenir citoyen, humain et accessoirement à danser sur des rythmes du Nouveau Monde, fait voir rouge – communiste qu’il est le mécréant ! – à l’église entichée de fachos. Entre jazz et répression, Jimmy enflamme les corps, les cœurs et surtout les idées.
Jimmy fout du sang au yeux et aux dieux qui l’expulsent en Amérique, à New York, à Broadway. La Sodome et Gomorrhe du ragtime qui donne la danse de Saint-Guy, pulse les sens jusqu’à l’explosion. Vade retro satanas !

Dans L’Homme qu’on aimait trop, le diable s’immisce entre mère et fille. Avec moins de maestria que dans La Fille du RER, André Téchiné s’empare d’un nouveau fait divers : l’affaire Leroux/Agnelet. Autour d’un Canet opaque, Haenel et Deneuve se font la guerre. Adèle H. contre la Grande Catherine. La première, exceptionnelle, ne trouve pas hélas la partition d’Adjani dans Barocco ni de Béart dans J’embrasse pas. La seconde, avec ce septième rendez-vous « téchinéen », épouse pour la première fois dans l’univers de son metteur en scène/frère, le pouvoir et la sophistication. Une image très La Main au collet de Julien Hirsch dénonce le royaume des apparences, une garde robe signée Pascaline Chavanne s’inspire du baroque casino flamboyant de The Shangai Gesture de Josef von Sternberg. Un grimage de vieillissement montre la star au quatrième âge. Avec cette anticipation, Deneuve, impériale en mère colère, en prend pour quinze ans de cinéma. Miracle de longévité unique dans l’Histoire du 7e Art, Sainte Catherine, priez pour moi pauvre pécheur d’images maintenant et à… tout à l’heure !