Comme en 14 - 2 - Cinegotier

A Thing of Beauty is a Joy for Ever.

John Keats

À un monde trop souvent frappé par la brutalité, l’injustice, l’intolérance, l’horreur même parfois, le cinéma qui toujours cherche à faire sens ne peut opposer que la beauté, beauté des idées, des sentiments, des formes. C’est ce que réussissent dans une synthèse admirable de la forme et du fond les films cités ci-dessous.

Force du propos, excellence de l’interprétation, rigueur de la mise en scène pour les films des frères Dardenne et de Robin Campillo, plongée dans une société corrompue jusqu’à l’os, contrastes entre lumière et ombre pour dénoncer les abus des puissants dans Léviathan, dignité des personnages face à l’ampleur du désert pour exprimer l’horreur de la barbarie dans Timbuktu de Abderrhamane Sissako, onirisme, poésie et fantastique pour deux films d’une grande sensibilité, Bird People et Still the Water, tous les deux signés par une femme. Détour par le film de genre pour dire la permanence de l’amour dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch, un film d’une époustouflante beauté plastique, lenteur des plans pour explorer les tréfonds de l’âme humaine y compris dans ses aspects les plus sombres dans Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan, la foi envers et contre tout dans l’acte créateur dans Saint Laurent de Bertrand Bonnello, réflexion sur la culture dans Métamorphoses de Christophe Honoré, adaptation audacieuse d’Ovide.

Et que dire des bonus si ce n’est qu’ils s’inscrivent dans une même démarche qui propose une réflexion sur le monde en même temps qu’un moment de joie intense puisque nous le savons bien depuis que Keats l’a écrit : « Une chose belle procure une joie éternelle. ».

1 Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan